Moments de vie – épisode 6 : les addictions

Psychothérapeute en Aveyron

Moments de vie – épisode 6 : les addictions

Bonjour, je suis Isabelle Petit, psychothérapeute d’orientation psychanalytique, je vous propose aujourd’hui d’aborder le thème des addictions . Nous vivons dans une époque de remous et certains sont dans une situation de mal-être favorisant ainsi l’échappatoire dans certaines habitudes délétères. Que ce soit d’un point de vue alimentaire ,  au niveau du jeu, de sexualité, de psychotropes, de sport ou autres. La société capitaliste vise à capter la libido vers des objets de consommation tout en détruisant le lien social. Pour Stiegler, la consommation se manifeste comme une revendication de l’identité tant au niveau intellectuel que social. Comme le soulignent Pirlot et Piedinelli :

« le « nouveau malaise dans la civilisation » auquel répondent  certaines pathologies actuelles, et plus particulièrement l’Addiction, se caractérise par une valorisation de cette économie qui détruit l’objet du désir à un objet accessible – et du même coup le détruit puisque le propre de cet objet est d’être infini ».

Aussi,

Pourquoi est on amené à l’addiction ?

Comment se traduit elle ?

Quels sont ses mécanismes ?

Comment s’en sortir ?

Ce seront les questions abordées dans ce podcast.

C’est parti !

Comment peut on définir une addiction ?

Une personne addictée est dans l’excès, l’ubris, le toxique. L’addiction est un débordement d’excitation dans une psyché affaiblie et clivée.

Elle s’origine dans la recherche d’une libération d’une dépendance affective en la remplaçant par une autre forme de dépendance qui prend le relai et paradoxalement renforce la dépendance affective.

Cependant quelle est la différence entre addiction et habitude ?  L’addiction intervient quand la prise de produits devient indispensable à la survie psychique.

Comme l’a théorisé Frances TUSTIN :

« Quand les évènements intérieurs ou extérieurs  ont dépassé notre capacité habituelle de contenir et d’élaborer les conflits suscités, nous avons tous tendance à manger, boire, fumer plus que d’habitude, à prendre des médicaments, à la recherche d’un temps d’oubli provisoire , ou bien à nous jeter dans des relations sexuelles ou autres, avec la même visée. Ainsi, cette économie psychique ne devient problème que dans le cas où elle devient la seule solution dont le sujet dispose pour supporter la douleur psychique. »[1]

L’addiction est donc un besoin impérieux, insatiable, physiquement ressenti qui pousse à l’action et disparaît après l’acte, le sujet se retrouve ensuite  dans un état morose, d’ennui et de vague dégoût.

Mais pourquoi un sujet en vient il à la solution addictive ?

Les addictions s’inscrivent dans l’histoire singulière d’un sujet et sont en quelques sortes  des processus  de survie psychique. Pour certains  c’est lié à une incapacité d’être seul, pour calmer l’angoisse de solitude, pour d’autres c’est un repli pour au contraire s’aménager une aire de solitude. tous ont besoin de rentrer en eux pour se donner l’illusion d’une omnipotence devant le chaos.

Ces personnes ont des conduites addictives pour éviter une détresse liée à un sentiment de solitude, pour éviter d’être à la merci de l’autre (abandon ou perte) en lui demandant de l’aide ou en croyant qu’il peut les secourir. Les sujets addictés se mettent ainsi à l’abri de la dépendance de l’autre avec son besoin de puissance. L’addiction  correspond donc à une stratégie de protection contre la violence qu’exerce l’autre, permet au sujet de ne plus se sentir menacé de disparaître, qui représente une angoisse terrifiante.

Ainsi, le sujet trouve à se guérir lui-même sans autre, avec un sentiment de toute puissance. Le sujet fuit ainsi sa dépression qui exacerbe sa vulnérabilité.

Voyons l’illustration qu’en fait Sweig dans sa nouvelle « le joueur d’échecs » :

« ces parties me causaient une excitation presque maniaque […]. J’étais possédé et je ne pouvais m’en défendre ; le jour durant, je n’avais  en tête que mat et roquade, je ne voyais que pions, tours, rois, fous. Tout mon être, toute ma sensibilité se concentraient sur les cases d’un échiquier imaginaire. La joie que j’avais à jouer était devenue un désir violent, le désir une contraint, une manie, une fureur frénétique qui envahissait mes jours et  mes nuits […] je sais aujourd’hui, bien entendu, que cet état d’esprit était déjà pathologique. Je ne lui trouve pas d’autre nom que celui « d’intoxication par le jeu d’échecs ».

Mais quels sont les mécanismes de l’addiction ?

L’addiction transforme le fonctionnement psychique et réduit le désir au besoin en produisant une désexualisation du corps. Celui-ci devient alors lieu de sensations sans émotion.

Cela commence à une tension liée à un produit ou une situation, la tension s’apaise et aboutit à un manque qui oblige le sujet à reproduire la conduite addictive.

Selon Piedinelli et Pirlot :

« La particularité de l’addiction, quelque soit le vecteur (objet et situation) est de fermer le psychisme à autre chose qu’à elle-même et de réduire les expériences  subjectives à un ensemble de sensations, de besoins, ou de diminution des tensions. »

Le sujet dépendant  a recours à  cette conduite addictive afin de fuir l’emprise de l’autre quelqu’il soit, considéré encore plus menaçant que l’addiction même.

Aussi, comment le sujet addicté peut il s’en sortir ?

Un travail psychothérapeutique, est indispensable pour comprendre les tenants et aboutissants du recours aux conduites addictives.

Aussi, quand, à travers un travail thérapeutique amenant à des transformations, la fonction de l’addiction sera devenue inutile, le sujet pourra s’en libérer.

Dans certains cas,  les traitements substitutifs permettent au patient de se retrouver dans une relation thérapeutique sans rester dans une menace du vide et lui permettre d’élaborer une parole sur son addiction.

L’espace thérapeutique est un lieu où le « je » peut advenir, dans lequel le thérapeute n’est pas dans le jugement, l’interdiction ou la condamnation.

J’espère que ce point théorique sur l’addiction vous a plû, n’hésitez pas à le partager si c’est le cas .  Vous pouvez me contacter si vous avez des questionnements ou une demande d’accompagnement. Nous nous retrouverons le mois prochain  pour se focaliser sur la problématique des personnes précoces.

D’ici là, prenez bien soin de vous.


[1][1]

 

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