Moments de vie – La dépression

Psychothérapeute en Aveyron

Moments de vie – La dépression

Aujourd’hui je vous propose de faire un point sur la dépression. Bien qu’étant la maladie du siècle, les personnes ne l’ayant pas vécue ne peuvent imaginer ce qu’elle peut provoquer. En effet ceux qui vivent un épisode dépressif, sont souvent jugés négativement . Cependant , c’est une maladie invisible que ces sujets parviennent à dissimuler, mais qui les terrassent dans tous les sens du terme.
Comment reconnaitre une dépression ?
Les symptômes dépressifs sont ils les même , chez l’enfant et l’adulte ?
Qu’est ce qui la provoque ?
Comment y remédier ?
Ce sont les questions qui seront abordées dans ce podcast. C’est parti !
Afin d’illustrer ce que le sujet déprimé peut ressentir intérieurement face à un épisode dépressif, je vous propose d’écouter le poème de Paul Verlaine « il pleure dans mon cœur » :
« IL pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ? …
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine »

La dépression se caractérise par un profond mal -être, une grande tristesse, une forme d’indifférence à ce qui nous entoure, une fatigue écrasante pouvant mener à une forme d’inertie, des angoisses massives et un sentiment de solitude profond ainsi qu’une grande culpabilité. Le sujet se sent vide, ne sait plus qui il est , se dévalorise, se sent inutile, ou pire comme un déchet, devient irritable voire irascible ou même violent, à cause du sentiment d’impuissance ou désespoir. Certaines addictions suppléent pour certains à cette douleur d’exister. Le sujet se sent mort de l’intérieur et peut avoir des « idées noires ».
A ceci peuvent s’ajouter des troubles du sommeil et de l’alimentation, une évolution du comportement psychomoteur , des troubles cognitifs. Pour conclure à un diagnostic de dépression, ces symptômes doivent être présents depuis plusieurs semaines.
Philippe Labro en fait un témoignage :
« C’est arrivé en douce, subrepticement, sournoisement, sans prévenir. Je suis l’esclave d’une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans aucune résistance. »
On peut constater quand l’enfant ne va pas bien lorsqu’il s’arrête de s’alimenter correctement, lorsqu’il a de nouveau des soucis d’eunurésie, d’encoprésie, lorsqu’il devient hyperactif ou au contraire très « mou », si les résultats scolaires et le comportement changent subitement et se font ressentir. De même, des troubles physiques à répétition comme des diarrhées, des angines ou otites , doivent alerter les adultes.
Quand l’enfant est en dépression, il réagit parfois en miroir des difficultés de l’entourage.
Pour ce qui est de l’adolescent, l’état triste , résulte de la nécessité de se séparer de ses parents. Il redécouvre le sentiment de solitude de l’enfant.
Valérie Valère dans le pavillon des enfants fous, a décrit cet état :
« Comment ne pas devenir neurasthénique ? Vidée de toute énergie, susceptible à l’excès, je pleurais à chaque phrase dite sur un ton élevé. »
L’adolescent devient apathique et hyperémotif avec les même symptômes que pour les adultes.
Venons en maintenant à ce qui peut provoquer la dépression. Celle-ci peut avoir des causes psychologiques, physiologiques, environnementales, professionnelles ou liée à un évènement de vie, tel un deuil, une rupture, une période de chômage, des problèmes familiaux ou de couple. Tout changement conséquent, choisi ou subi peut faire vaciller la personne. il est cependant important de noter qu’il n’y a pas de cause unique, que c’est une imbrication de plusieurs difficultés qui génère la dépression.
Cependant, la dépression permet aussi l’avènement du sujet, en ce sens où ce qui était délétère pour lui doit changer. Lui qui a tenu bon , aussi longtemps et avec autant de force ne peut plus avancer. Il s’est trop effacé, s’est coupé de son inconscient, ne se reconnait plus, se sent vidé, ne chemine plus vers son désir.
Selon Jacques Lacan :
« la seule chose dont l’homme puisse se sentir coupable est d’avoir cédé sur son désir »
Plus le sujet cède sur son désir, plus il s’aliène à l’Autre, et plus il déprime car aucune réponse ne vaut.
Par ailleurs, face à ses propres injonctions internes, particulièrement féroces, le sujet s’est laissé tombé.
Cependant , quand il sort de sa dépression, il a changé, il a compris qu’être acteur de sa vie, être responsable de ses actes et cheminer vers son désir est indispensable à son équilibre psychique. Ce qu’en témoigne Marie Cardinal :
« Maintenant j’allais me mettre à découvrir ma personne. Le traitement a pris fin quand je me suis sentie capable de prendre la responsabilité de mes pensées »

Pour autant, que faire pour accompagner au quotidien un sujet en proie à la dépression ?
Il s’agit de reconnaître la personne dans sa souffrance, de lui permettre de mettre en mots ses ressentis, sans le juger , ni surinterpréter ses paroles. Le sujet doit pouvoir se sentir écouté et compris, et ainsi ne pas se morfondre dans la solitude. L’accompagnant doit pouvoir faire comprendre au déprimé ce qui est de l’ordre de la dépression ou pas. Il n’y a pas de cause à celle-ci, elle survient parfois après un long moment suite à un évènement de vie.
Par ailleurs qui peut dire à la place de l’autre , ce qu’il ressent dans sa tête et dans son corps.
Lacan met en garde les accompagnants :
« Une des choses dont nous devons le plus nous garder, c’est de comprendre trop, de comprendre plus que ce qu’il y dans le discours du sujet : le sujet a voulu dire ça. Qu’est ce que vous en savez ? Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il ne l’a pas dit. »

De plus, les proches doivent se protéger. Pour aider l’autre, il faut pouvoir se sentir solide et ne pas croire que l’on peut sauver la personne. Le sujet déprimé peut vouloir rester dans cet état ou vouloir s’en sortir et c’est de sa responsabilité, nous ne pouvons intervenir que si la personne se met en danger ou met en danger un autre.
Sinon on peut seulement lui suggérer de voir un médecin ou psychiatre, si l’état d’angoisse, de tristesse ou l’insomnie est difficilement surmontable sans médicaments, et lui conseiller d’entamer une psychothérapie pour tenter de surmonter cette difficile épreuve assimilable à un deuil, un deuil de soi.
La psychothérapie va permettre au sujet de renouer avec son inconscient et ranimer son désir, qui a le pouvoir de guérir l’ennui, la solitude, et la tristesse. Le sujet va ainsi réapprendre à aimer et à travailler comme le soulignait Freud.

Voilà, j’ai tenté de donner quelques points de repères, sachant que la question de la dépression est hypercomplexe ( à l’image de l’humain) et beaucoup plus vaste. Les précédents épisodes de podcast sur le deuil, la solitude et le désir, seront des pistes complémentaires pour mieux appréhender la question.

Le prochain podcast sera édité dans environ un mois et aura pour thème les addictions.
Je remercie Jérôme d’ avoir prêté sa voix pour les citations.
Merci de votre écoute, n’hésitez pas à me contacter si vous vous posez des questions ou pour une demande d’accompagnement.
Et surtout, n’oubliez pas : Prenez bien soin de vous !

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