Moments de vie – Le couple

Psychothérapeute en Aveyron

Moments de vie – Le couple

A l’approche de la saint Valentin, je vous propose de faire un petit point sur le couple. En effet l’amour, et la passion peuvent s’avérer comme la plus belle chose qui puisse nous arriver ou au contraire nous amener vers notre propre destruction.

Comment peut on définir le sentiment amoureux ?

 Quelles sont les fondations du couple ?,

A quel moment le couple peut il s’avérer problématique ? Telles seront les questions abordées dans ce podcast.

Je vous propose pour commencer  deux  citations de Lacan :

« Aimer c’est essentiellement vouloir être aimé. »

« L’amour c’est offrir à) quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose que l’on n’a pas. »

Je vous laisse réfléchir sur ces propositions.

Juan David Nasio, quant à lui définit l’amour ainsi :

« l’amour est par essence un attachement. Le plus viscéral des attachements à la personne qui par le seul charme de sa présence , me promet , sans mot dire , de me rendre pleinement heureux. J’aime celui ou celle qui me laisse croire, sans nulle intention de me tromper , qu’avec  lui, et lui seul je serai comblé demain (…) je ne cesse de m’attacher à lui et de tout faire pour qu’il réponde à mon attente. »[1]

Pourtant, l’amour est à la fois illusion et besoin. Illusion car c’est un mouvement qui aspire au bonheur  et un besoin physique d’attachement.

Juan David Nasio s’est insipré du bouquet de fleurs peint par Picasso pour nous proposer les 12 fleurs  qui composent le sentiment amoureux :

  1. Le désir sexuel
  2. Le fantasme : l’être aimé est choisi en fonction de celui qu’il est mais aussi pour ce qu’on imagine qu’il est , c’est un mélange de réalité et de fiction, mi réel, mi fantasmé
  3. L’admiration : on admire la personne que l’on aime, on l’idéalise
  4. Le narcissisme : on aime celui ou celle qui est un peu soi-même, de par sa ressemblance dans certains traits de personnalité
  5. L’amour de soi : « j’aime celui  qui me rend heureux et fier d’être moi-même, et que je rends heureux et fier d’être lui -même »
  6. La satisfaction et la frustration : on aime celui ou celle  qui tour à tour satisfait ou frustre. Cela crée une ambivalence quant aux sentiments contradictoires que l’on a vis-à-vis de l’être aimé, c’est l’hainamoration dirait Lacan.
  7. La culpabilité : car on sentirait une certaine culpabilité à faire du mal à son aimé.
  8. La sollicitude : l’amoureux prend soin de son ou sa  partenaire quand celui-ci  ou celle-ci traverse une épreuve difficile. On prend soin de celui qu’on aime et on l’aime car il prend soin de nous, de même que de l’amour qui nous unit
  9. L’apaisement : car on écoute ses plaintes e on on tempère ses angoisses
  10. La peur d’être quitté, soit la crainte d’être délaissé
  11. La jalousie car l’amoureux exige une forme d’exclusivité
  12. La dépendance : on aime celui ou celle dont on dépend. Cependant il faut distinguer la dépendance nocive quand la personne amoureuse  craint de perdre sa liberté, son identité, qu’il craint de se perdre. Et la dépendance saine, quand elle sait qu’elle est dépendance sans s’en soucier et qu’elle en est heureuse.

L’amour apporte à la fois la reconnaissance de son être comme aimable et à travers sa sexualité comme être désirable.  Un nouvel amour est vécu comme une nouvelle naissance , une nouvelle jeunesse , un nouvel élan vital et  ouvre à de nouvelles possibilités créatrices. C’est une forme de construction à deux.

De part les enjeux psychique que  véhicule l’amour,  on peut comprendre certains sentiments comme : une pulsion d’emprise, l’angoisse du déclin et de la fin de l’amour ainsi que celle de l’abandon, la jalousie et la dépendance vis-à-vis de son ou sa partenaire.

 Par ailleurs, il arrive que l’être aimé prenne la place d’une personne significative, celle qui a répondu à nos besoins , lorsque nouveau né nous étions en grande détresse. Si c’est le cas, l’absence de l’aimé peut réactiver les angoisses existentielles de la toute petite enfance.

Sinon, quelques fois une relation pathologique va permettre au sujet de vivre sans trop de souffrance psychique. C’est le cas  quand la relation amoureuse vient compenser une faille dans la constitution psychique du sujet. Alors cette relation symptomatique permet au sujet de ne  pas s’effondrer. Ce lien amoureux deviendra alors une condition de survie psychique et c’est la passion qui animera l’aimé plus que l’amour.

La passion amoureuse est particulièrement intense et maintient un lien complexe avec l’angoisse , la souffrance et la mort. Dans la passion, l’être aimé est mis sur un piédestal, il est idéalisé. On peut comparer la passion à une éruption volcanique, à la violence de la foudre, à une tempête voire un ouragan dévastateur. C’est un amour dépassant toute mesure.

Dans la passion amoureuse, il y a une perte d’intérêt pour tout ce qui sort de ce cadre. Elle est plus subie que voulue et fait découvrir au sujet des aspects insoupçonnés de sa personne.  La passion crée d’importants bouleversements dans la vie de celle-ci. En ce qui concerne les aspects plus négatifs : le passionné devient esclave de son objet. La passion véhicule alors de grandes souffrances, induit de dangereuses violences pouvant amener le passionné aux pires excès.

Pour Freud : le sujet serait tellement investi dans sa passion  qu’il ne ne peut plus s’aimer lui-même , il est terassé.

Pour illustrer ce propos , voici une citation du roman de Danielle Bastien :

« j’aimerai être ce drap, et t’attendre longuement, indéfiniment, patiemment… J’aurai toute la nuit pour t’envelloper et te caresser de mes contours… Je veillerai jusqu’à l’aube. »

Quant à Jacques Brel dans sa chanson  « ne me quitte pas »  chantait :  « je serai l’ombre de ton ombre, l’ombre de ton chien »

Ces illustrations démontrent bien l’effacement du sujet, qui devient objet de l’autre. D’où les ravages subjectifs qui ne manquent pas de surgir.

L’amour fusion implique la disparition d’un des deux amants : « faire un, assurément mais lequel des deux ? »[2].

 Il y a une forme d’avidité, une forme de dévoration de l’autre. Même si la fonction de la fusion vient colmater de manière imaginaire nos manques, elle amène l’effacement du sujet lui-même.

La non réponse ou l’abandon de l’autre dans la mesure où il représente la bouée de sauvetage du sujet peut être ravageante. Celui-ci se trouve alors dépourvu de toute défense car il s’est fondu en l’autre. Celui à qui  il a tout donné est parti .

Roland Gori l’a dépeint ainsi : « lorsque la passion est là, on risque de ne plus être ».

La passion a la force de supprimer les refoulements. L’amoureux devient irrationnel, il perd son identité et craint de sombrer dans la folie, il perd le sens de la réalité et  s’autorise à enfreindre ce qu’il s’interdisait auparavant. Il s’aveugle sur lui et sur l’autre qui perd toute singularité. Il se découvre alors sous un autre jour.

Voici comment Suzanne Lilar l’a illustré dans son roman « confession intime » :

« tout ce qui nous fîmes ne fut que le signe de ce mélange toujours désiré, de cette indistinction, de cette fusion entre lui qui voulait me réduire et moi qui n’aspirait qu’à me laisser consumer. Même après, mes sanglots sur son épaule ne furent que cela : le signe de l’absolue dissolution, de la totale abdication, de cette mort de moi en lui.»

Cependant comme a pû le souligner Danielle Bastien dans son roman « une chambre sur la flamme » :

« ce sont les gens qui n’ont jamais vécu la violence de ce type de lien qui souhaitent la vivre. Quand on l’a approché, on sait qu’il brûle, tellement , et si profondément. Il donnne autant de plaisir que de souffrance et nous fait oublier souvent où est la frontière entre la vie et la mort »

Pour conclure, voici ce qu’a pû énoncer Patrick de Neuter : « il existe des amours heureux et des passions bénéfiques qui sont à l’origine d’une grande sagesse, mais il n’y a pas de voie royale du bonheur valable pour tous et pour toutes. La difficile tâche de chacun est d’inventer la sienne  »[3]

Nous avons fait le tour de ce qu’il me semblait intéressant de vous proposer. Si vous souffrez actuellement de votre relation de couple ou d’une rupture douloureuse, et si vous avez des difficultés psychiques, n’hésitez pas à rencontrer un professionnel de la thérapie pour envisager un suivi. Je suis moi-même disponible pour répondre à vos questionnements et potentiellement vous accompagner. Vous me trouverez mes coordonnées sur mon site www.isabelle-petit-psychotherapeute.com.

Je remercie Jérôme pour avoir prêté sa voix pour les différentes citations. Merci de votre écoute. N’hésitez pas à partager si le podcast vous a plû.

Le prochain épisode a pour thème la dépression et sera publié le 15 mars.

A bientôt et prenez soin de vous !


[1] Juan David Nasio : « le bouquet de l’amour »

[2] Patrick de Neuter

[3] Patrick de Neuter : « clinique du couple ».

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