Moments de vie – épisode 7 HPI
Bonjour, je suis Isabelle Petit, psychothérapeute d’orientation psychanalytique. Aujourd’hui nous parlerons du haut potentiel intellectuel. En effet, certains ont une représentation faussée sur la question.
Comment définit t on un haut potentiel intellectuel, quelles sont ses caractéristiques, comment calmer un cerveau trop efficient ?
Ce seront les questions abordées lors de ce podcast.
C’est parti.
L’intelligence se définit comme la capacité de résoudre un problème ou l’adaptaon à un environnement par la connaissance. C’est une capacité à percevoir, comprendre, analyser, mémoriser et apprendre. Ceci grâce à certains processus qui sont les fonctions cognitives.
Il y en a 6 :
- La perception
- La fonction attentionnelle
- La fonction mnésique
- Les fonctions visuo spatiales
- La fonction intellectuelle
- Le langage.
Les fonctions exécutives, quant à elles, assurent leur bonne exécution et permettent l’organisation, la planification, la sélection de l’information pertinente, la flexibilité et la créativité, la cohérence face à l’objectif ainsi que le jugement pour une meilleure évaluation de la situation ouvrant à la meilleure solution à un problème donné.
L’intelligence correspond donc à un fonctionnement cognitif adéquat.
Le sujet haut potentiel a des fonctions intellectuelles plus efficientes, avec une intelligence atypique avec des forces et des faiblesses dans son raisonnement et qui varient selon les individus.
Les fonctions intellectuelles sont un ensemble d’aptitudes comme la compréhension verbale, le raisonnement non verbal, certains aspects de la mémoire de travail, la vitesse du traitement de l’information et la rapidité d’exécution des tâches.
Le HPI est mesuré grâce à un test de QI permettant d’évaluer l’efficience de ces fonctions. Cependant ce test échoue à mesurer l’intelligence dans sa globalité. La personne ayant un QI de plus de 130 est considérée comme possédant un haut potentiel intellectuel.
Cependant ce test ne mesure pas d’autres aspects de l’intelligence comme la personnalité, l’endurance, la motivation et la gestion des émotions. Aspects qui permettent de mener des projets à bien.
Ce qui fait dire que la personne HPI n’est pas plus intelligente mais plus efficace au niveau des fonctions cognitives, avec des forces et des faiblesses variant selon le sujet.
Les caractéristiques des personnes très efficientes intellectuellement sont : - une grande puissance de traitement de l’information
un surinvestissement cérébral et des connexions interhémisphériques de meilleure qualité - une meilleure plasticité cérébrale
- une pensée plus souple et efficace
- une hyperactivité mentale mais également motrice.
Cependant le sujet peut se montrer d’autant plus attentif qu’il est motivé, qu’il peut trouver du sens et que cela génère du plaisir. Cela dit , une grande sensibilité à l’ennui fait que le sujet peut vite s’emballer et aussi vite passer à autre chose.
De même la mémoire est influencée par sa attentionnelle. Les mémoires visuelles et sensitive sont plus efficaces que la mémoire auditive. La mémoire de travail peut être rapidement saturée face à l’abondance des informations traitées.
N’oublions pas cependant que le raisonnement est fortement conditionné par la psyché.
Le sujet HPI est perfectionniste, curieux avec un sens du détail accru. Il perçoit les incohérences et a une pensée en constellaon qui facilite les liens. Cependant, pointilleux, il peut tout remettre en cause pour un simple détail. De même s’il ne se sent pas à la hauteur des attentes, il peut se senr coupable et ne laisse rien passer.
Cela dit c’est une personnalité riche et créative avec une curiosité insatiable, toujours en éveil. Le sujet est attiré par la nouveauté permettant enrichissement, découverte et de nouveaux apprentissages. Générant ainsi une stimulation de la motivation et le protège de l’ennui. Cependant ses sujets de prédilection peuvent vite tourner à l’obsession et l’enthousiasme initial peut disparaitre aussi vite qu’il est apparu.
D’un point de vue émotionnel, le sujet reconnait et exprime facilement ses émotions. Ce qui permet notamment une meilleure adaptabilité aux imprévus.
Cela dit la distanciation et l’intellectualisation des émotions peuvent amener à des distorsions cognitives. Notamment lorsque les contenus émotionnels sont traités avec une même objectivité qu’un contenu rationnel. Ceci a pour conséquence un raisonnement erroné, des liens inadéquats ainsi que des perceptions partielles et distordues de la réalité.
Par ailleurs, un sentiment de décalage peut causer des perturbations d’un point de vue social ou scolaire. Notamment pour certains enfants et ados dont le fonctionnement psychique ne permet pas de savoir se défendre. Par ailleurs, ceux-ci sont perçus comme difficiles du fait de leur hyperactivité mentale et motrice. L’entourage ne sachant pas toujours gérer. La sous stimulation de l’environnement familial ou scolaire accentue l’agitation et installe une anxiété latente, l’enfant se sentant incompris. La relation aux autres peut être compliqué du fait d’une éventuelle timidité ou en raison de centres d’intérêt pas toujours partagés avec ses camarades. L’enfant ou l’adolescent peut être considéré à problème s’il est agité ou inattentif. Et éventuellement inhiber ses capacités s’il se sent désavantagé. Sa perte de confiance le poussera alors vers l’échec, le décrochage ou la phobie scolaire.
Dans le contexte scolaire, un premier raisonnement est intuitif, créatif et efficace lorsque la discipline n’est pas trop complexe. Dans le cas contraire, il devra développer des méthodes de travail qui peuvent lui faire défaut.
L’anxiété de fond pour le sujet hyper efficient est un problème car il est plus soumis à des réactions de stress, c’est un réel moteur d’adaptation mais peut vite saturer le sujet, avec un ressenti négatif.
Sans compter le déficit au niveau de la sérotonine dont le sujet souffre la plupart du temps et se manifeste par la somatisation dès le plus jeune âge ou des angoisses liées à la séparation.
Par ses préoccupations précoces sur des questions existentielles, l’enfant zèbre comprend mieux l’implication sur lui et son entourage mais n’a pas pour autant la maturité pour gérer émotionnellement l’intensité se dégageant des problèmes tels que la mort, la maladies ou les catastrophes. Certains enfants somatisent, d’autres verbalisent la peur de perdre leurs proches s’ils ne sont pas présents près d’eux. Les autres présentent des difficultés d’endormissement du fait de leur anxiété.
Pour les adultes, les angoisses liées à la perte font qu’ils anticipent le pire, nouent des relations teintées d’une peur de l’abandon et une tendance à une dépendance relationnelle, ainsi qu’une crainte potentielle de la maladie.
Tout ceci pour signifier que la vie des hauts potentiels n’est pas toute rose du fait de leurs difficultés affectives et de leur côté excessif sur certains points liés à leur hyperactivité cognitive et motrice et pour 1/5 à leur hypersensibilité. Leur besoin de repli quand ils saturent est nécessaire mais l’ennui peut être leur pire ennemi.
Voilà, j’espère que le sujet de ce podcast vous a plû. N’hésitez pas à me contacter si vous vous questionnez à ce sujet. Nous nous retrouverons prochainement pour un sujet difficile : l’anorexie.
D’ici là, prenez bien soin de vous.