Moments de vie – Le Désir

Psychothérapeute en Aveyron

Moments de vie – Le Désir

Bonjour , je suis Isabelle Petit, psychothérapeute d’orientation psychanalytique.

Aujourd’hui face aux nouvelles résolutions pour 2023, il me semblait pertinent  de nous interroger sur la question du désir. En effet, c’est à la fois l’élan vital qui nous meut et une motivation puissante pour tous nos projets et entreprises. Et à la fois, il peut être nuisible  lorsqu’il est dirigé vers quelque chose de plus destructeur.

Je vous propose donc de faire le point sur le désir.

Comment peut on le définir ?

En quoi il peut être considéré comme positif ou au contraire destructeur ?

Comment se construit il ? et quelles sont ses impasses et ses difficultés ?

Telles seront les questions abordées dans ce podcast.

C’est parti !

Le désir est difficile à saisir, notamment car il se présente sous la forme paradoxale d’une répulsion qui attire ou d’un déchirement qui comble. Il peut se retrouver sous la forme de l’amour, de la volupté ou du souhait. Le fait même d’en parler donne à celui qui en parle l’impression d’être dans un flux incessant d’élans. Il peut surgir et se développer uniquement quand un individu envisage la possiblilité, par un objet spécifique, d’accroître son être, de tendre vers ce qu’il n’a pas.

Le désir  est une force puissante qui mobilise à la fois notre corps, notre cœur et notre esprit. Comme le disait Spinoza : « c’est l’essence de l’humain ».

Il motive toute action ou projet et est indestructible.

C’est une puissance d’affirmation et de création.

Denis Vasse a pû en donner cette définition :

« le mot « désir » évoque l’homme . il a des résonnances multiples et contradictoires. Il est ce qui, en nous, a quelque chose à voir avec la violence de la passion et son incompréhensible source, la mystérieuse attirance de l’objet »

Cependant, il faut ajouter que le désir est différent de la volonté ou du besoin.

Le besoin relève plutôt de la nature, on parle de besoins corporels ou psychiques. Quant à la volonté, elle tient du pouvoir de décision.

Le désir peut être considéré comme positif quand il nous oblige à nous affirmer, à être créatif, à prendre des risques, à vivre nos passions. Finalement à devenir plus libre.

Il est considéré comme négatif lorsqu’il s’avère destructeur,  quand il rencontre des obstacles lorsqu’il est soumis au désir de l’autre. Il sera alors source de conflit pouvant être particulièrement violents. Ainsi le désir mimétique théorisé par René Girard,  est le désir de posséder ce qui appartient à l’autre. Ce qui fait dire à Lacan que le désir est le désir de l’Autre.

Aussi il peut être source de culpabilité, ainsi JL a pû énoncer :

« la seule chose dont l’homme puisse se sentir coupable est d’avoir cédé sur son désir »

Ce qui pouvait signifier si on le décline très sommairement que lorsque l’on s’efface, que l’on s’oublie, que l’on se trahit, que l’on se nie, nous devons ensuite faire face à des conflits psychiques pouvant aller de la culpabilité jusqu’à la dépression.

Mais que désirons nous ?

Les 3 dimensions sociales du désir sont  de désirer ce que les autres désirent : le désir mimétique, ce que les autres possèdent : convoitise, et nous comparons notre bonheur à celui des autres : l’envie.

Voici la définition du désir mimétique théorisé par René Girard en 1961 :

« A la différence de nos besoins qui se passent très bien des autres pour se manifester à nous, car notre corps nous suffit, nos désirs ont une dimension sociale irréductible. Derrière nos désirs, il y a toujours un modèle ou médiateur, le plus souvent non reconnu par le tiers et même pas reconnu par celui qui l’imite. En règle générale, nous désirons ce que désirent les hommes autour de nous. Nos modèles peuvent être réels aussi bien qu’imaginaires, collectifs aussi bien qu’individuels. Nous imitons les désirs de ceux que nous admirons. Nous voulons devenir comme eux, leur subtiliser leur être. Le désir n’est pas mimétique seulement chez les médiocres, ceux que les existentialistes, à la suite d’Heidegger, qualifiaient d’inauthentiques, mais chez tous les hommes sans exception, y compris le plus authentique à nos propres yeux, nous même. »

Ceci faisait dire à Lacan que le désir est le désir de l’Autre.

Mais qu’est ce qui fait de nous des êtres désirants ?

Pour ceci revenons au début de la vie de tout sujet, lorsque le bébé crie car il a faim, il réclame le sein :   la mère s’occupant de l’enfant  répond en l’interprétant comme un appel visant la satisfaction. L’enfant dépend d’un Autre dont la conduite dépend du langage, car nous naissons tous dans un bain de langage. Ce cri pour la personne s’occupant de l’enfant n’a de signification que dans le langage, donc l’enfant est introduit dans le champ de la parole et du langage. Cependant l’enfant n’accède au désir proprement dit qu’en isolant la cause de satisfaction, qui est l’objet cause du désir : le mamelon. Or il ne peut l’isoler que s’il est frustré, c’est-à-dire si la mère laisse place au manque dans la satisfaction de la demande. Le désir advient  alors comme manque d’objet.

Aussi le désir nait uniquement car l’être pense pouvoir combler par un objet spécifique son vide, son manque à être, sa faille . Michela Marzano le théorise ainsi :

Tout en étant lié à un manque ontologique, à une faille qui caractérise le fonctionnement humain, le désir est la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles. De ce point de vue, il est non seulement le signe de l’imperfection au cœur de l’être humain et de son « défaut structurel », mais il est aussi et surtout ce qui permet à chacun de se projeter en dehors de lui-même, de s’activer, d’aller vers la rencontre, de sortir de sa solitude de s’acheminer là où son désir le pousse. Car, si l’individu, était un être « plein » et sans « faille », il serait aussi enfermé en lui-même, dans une sorte de suffisance profonde et il ne pourrait pas se rapporter à ce « dehors » qui est l’autre. Ainsi , le manque renvoie il à la positivité du désir, d’un désir fait de différentes lignes qui s’entrecroisent et se conjuguent.

La dynamique du désir est de passer du manque à l’excès. Le système capitaliste l’a bien compris. Il nous propose des objets qui nous font penser que ce sont des objets du désir, sachant que l’objet du désir est inconscient par nature et à tout jamais perdu, on court sans arrêt derrière sans pouvoir jamais l’attraper.

Après 3 ans de pandémie, le dérèglement climatique, les guerres en Ukraine et dans le monde, la méfiance vis-à-vis des institutions et du politique, la baisse du pouvoir d’achat, la paupérisation, notre élan vital et notre force désirante a pû diminuer, nous amenant à différentes addictions, à un consumérisme galopant, à un besoin de reconnaissance exacerbé. La dépression est une des conséquences de ce mal être, et une des impasses du désir.

Aussi, si vous souffrez actuellement, d’un mal-être, provoquant de la tristesse, de la fatigue ou au contraire une forme d’hyperactivité, une addiction,  des idées noires, une difficulté au niveau du sentiment d’exister,  il peut être nécessaire de consulter un professionnel de la santé mentale.

Comme Nietzshe le préconisait : il ne faut pas renoncer à nos désirs mais au contraire les magnifier, les sublimer.  Tout en sachant accepter nos manques à être. « un homme ça s’empêche » disait Camus.

En espérant que ce podcast vous ait plû, je reste à votre écoute pour toutes questions ou commentaire. Nous nous retrouverons le 1ER février pour un point sur le couple.

Je vous souhaite une excellente année 2023 sereine et remplie de joies.

Prenez bien soin de vous !

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