Moments de vie – La solitude

Psychothérapeute en Aveyron

Moments de vie – La solitude

Bonjour je suis Isabelle Petit , psychothérapeute d’orientation psychanalytique.

A l’approche des fêtes de noël, parler de solitude n’est pas superflu. Certains peuvent vivre de manière douloureuse cette période. Même si votre famille est présente, que vous êtes en couple, vous avez des amis,  ce sentiment peut être vif et  générer de la souffrance. Vous vous sentez seul, incompris, voire exclus.

Faisons le point sur cet état d’être afin d’avoir de comprendre, d’où il vient ,  à quoi il participe et enfin à quel moment il est nécessaire d’être accompagné.

C’est parti.

La solitude est le propre de l’humain, nous naissons seul, mourons seul, et face aux évènements de la vie. Nous sommes seuls face à notre vie intérieure.

Jacques Lacan a pû énoncer« Ce qui parle n’a affaire qu’avec la solitude. [1] il signifiait par là que c’est dans les silences que l’on entend ce qui parle le plus. Par ailleurs, le sujet peut se sentir  étranger à son propre discours :  dès que les mots sortent de sa bouche il ne se reconnait déjà plus. Il y a quelque chose de l’ordre de ce qui est impossible à dire.

Comme le souligne  Rainer Maria Rilke :

« la solitude n’est pas une chose qu’il nous est loisible de prendre ou de laisser : nous sommes solitude. On peut se donner le change et faire comme s’il n’en était pas ainsi. Mais pas plus. »

Il suffit parfois de peu  pour se sentir mis à l’écart, se sentir incompris et s’isoler. Cette  attitude de souffrance peut amener vers la dépression ou la maladie, à une certaine précarité voire une rupture des liens sociaux. On peut alors plus parler d’isolement que de solitude

Mais comment est définie la solitude ?

La solitude peut être abordée  selon différents angles : philosophiques, anthropologique, littéraire, sociétal, psychanalytique . Pour MK, le sentiment de solitude serait une aspiration secrète de l’être humain : celle d’être compris sans avoir besoin de recourir à la parole.

La solitude se  définie différemment selon qu’elle soit choisie ou subie.

Ainsi quand une  personne choisit la solitude , cela peut être dans l’objectif de se ressourcer, de se reconnecter à sa vie psychique et d’ être dans la créativité. C’est un moment nécessaire pour retrouver le calme intérieur et être productif. C’est un moment du vivant.

Christian Bobin  pouvait en dire ceci :

«  je crois ne pas être barbare mais j’ai une sauvagerie : je peux, j’aime, rester des heures et des jours entiers en ne voyant personne. Or, je ressens la plupart de ces heures  et de ces jours là  comme des heures et des jours de plénitude où je m’éprouve comme relié à, exactement tout. »

En revanche, subir sa solitude c’est se sentir abandonné, incompris, exclus. Ceci peut génèrer une coupure des liens sociaux et une immense souffrance. Le sentiment d’exister vacille et peut amener jusqu’ à une certaine forme de honte de soi.

La peintre Paula  Madersohn a pû ainsi décrire cette ambivalence :

« La solitude me rend parfois triste, parfois heureuse. Je crois que cela rend plus profond. On vit moins pour l’apparence extérieure et la reconnaissance. On vit tourné vers l’intérieur »

Ainsi pour certains la solitude tient d’un besoin.

D’un point de vue psychanalytique on peut différencier les deux types de solitude.

La solitude ontologique est la solitude composant  toute existence humaine, consciente ou non, avec laquelle nous devons composer.

La solitude symptôme se traduit quand à elle par une souffrance psychique . Elle peut mener à une forme d’isolement et  aller jusqu’à la chute du sujet. Ce qui fait peur dans l’Autre  c’est-à-dire le père , la mère,  la figure d’amour ou même le langage, c’est surtout qu’il pourrait partir voire disparaître.  En s’isolant, on évite ainsi d’être confronté à son absence car elle est douloureuse. Paradoxe : c’est pour éviter d’ être confronté à une personne aimée qui pourrait nous laisser seul face à nous même, que l’on s’isole. Christian  Bobin en parlait ainsi :  « une mauvaise solitude, noire ,pesante.  Une solitude d’abandon, où vous vous découvrez abandonné…peut-être depuis toujours. (…) ce n’est pas celle que j’habite, et ce n’est pas dans celle là que j’aime aller, même s’il m’est arrivé comme tout un chacun  de la connaitre »

 Pour Freud, La solitude s’origine dans la détresse du nourrisson, Les premières situations phobiques de l’enfant sont en effet  l’obscurité et la solitude.  En découle le Besoin pour  l’être humain dès le début de la vie de trouver une personne  qui lui permette de décharger la tension née des besoins internes physiques et psychiques , rencontre comme vitale entre le besoin de décharge et l’être qui le satisfait nommée « l’expérience de satisfaction ».  Cette détresse du nouveau né se transforme pour arriver à l’âge adulte à la crainte  de l’absence. L’angoisse de solitude  est liée à l’angoisse de séparation qui fait résonnance avec la détresse du nourrisson. La Solitude renvoie à l’inquiétante étrangeté comme celle que certains peuvent ressentir face au silence ou à l’obscurité  et à une angoisse infantile ravivée . Si l’autre est absent par le regard et la voix ,  son absence peut devenir omniprésente, le Moi vacille.

Dans son article « se sentir seul » MK établit une recherche sur la source du sentiment interne de solitude. Celle-ci renverrait à une défaillance d’intégration du moi.

En effet,  dans sa prime enfance le sujet est confronté à des angoisses destructrices. Celles-ci seront suivies d’angoisses dépressives. Tout le long de son existence le sujet vivra cette alternance d’angoisses. Ce qui permettra au jeune enfant de les équilibrer sera l’introjection du bon objet c’est-à-dire l’intégration d’une représentation psychique d’une figure d’attachement aimante et sécurisante. L’introjection du bon objet continuera également à équilibrer les angoisses à l’âge adulte.

Dans son article « la capacité d’être seul », DWW  renvoie à la sécurité interne liée à la capacité d’être seul basée pour le bébé au paradoxe  de  la capacité d’être seul en présence de quelqu’un. Cela suggère pour le petit enfant  que la présence de la figure d’attachement ne doit pas être dans l’excès d’attention ou d’inquiétude. Si cette étape se fait dans de bonnes conditions , l’enfant grandira avec une forme de sécurité psychique lui permettant de pouvoir être seul sans se sentir menacé.

Quand le sujet a été marqué d’une carence, il ne souhaite plus être tributaire de l’autre, et ne souhaite plus faire appel à lui pour l’aider. Il peut alors s’isoler et ne plus vouloir de contact avec l’autre . Il craint d’être laissé en plan.

Si vous êtes en proie à des angoisses massives, si vous avez le sentiment d’être isolé, incompris, exclu, il est sans doute nécessaire d’entamer un travail sur soi avec un professionnel.  En effet, ce  travail  permet d’entrer en relation avec son inconscient,  pour fabriquer une nouvelle solitude, une nouvelle perception des choses. Celle-ci va permettre de  construire de nouvelles fondations, plus solides,  pour aller à la rencontre de l’autre.

Je vous remercie de votre écoute et espère que ce point théorique vous a plu. N’hésitez à me faire part de  vos questionnements  et de vos remarques, je vous répondrai avec plaisir.

C’était Isabelle Petit , nous nous retrouverons le 1er janvier pour un prochain podcast sur le désir. D’ici là prenez bien soin de vous !

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